Isabella M. WATT
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Les minutes des séances du Consistoire pour cette année nous révèlent le début de plusieurs conflits importants qui culminèrent en 1555 avec la défaite d’Ami Perrin et des Enfants de Genève face à Calvin. À la suite de la querelle entre Calvin et Bolsec à propos de la prédestination et le libre arbitre, nous retrouvons plusieurs souteneurs de Bolsec devant le Consistoire. En 1551, le Consistoire doit aussi faire front à plusieurs Genevois mécontents du pouvoir grandissant des pasteurs et du nombre de réfugiés qui cro^t rapidement. Des citoyens influents, tels que Philibert Berthelier et Jean-Philibert Bonna, un membre du Consistoire lui-même, se rebellent et tentent de restreindre l’autorité du Consistoire et des pasteurs. Ayant déjà réussi à détourner les Genevois des pratiques catholiques, le Consistoire peut maintenant se concentrer sur d’autres affaires morales. Ainsi, dans ce registre, on trouve beaucoup de personnes convoquées pour avoir dansé, joué aux jeux de hasard ou chanté des chansons profanes. Le Consistoire semble se concentrer en particulier sur le problème des blasphémateurs à tel point que, vers la fin de 1551, le Petit Conseil publie une ordonnance contre les serments frivoles et les blasphèmes. En plus, les actions du Consistoire contre la sexualité illicite continuent à être courantes, ainsi que les questions matrimoniales et les tentatives de réconciliation entre des parties adverses.
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Dès les premières séances du Consistoire, certains Genevois trouvaient que le joug disciplinaire "frottait". Cependant, comme le chroniqueur Michel Roset l'a noté, ce n’est qu’au début de 1547 que François Favre et d’autres Genevois de premier rang, enflammés par les mesures disciplinaires, commencèrent à s'opposer ouvertement à Calvin. Certes, le Consistoire s’occupait toujours des affaires matrimoniales et des résolutions de conflits. Quelques personnes qui firent boire des aphrodisiaques à de jeunes mariées font leur apparition dans le présent tome. Certes, le Consistoire réprimandait ceux qui célébraient les fêtes "papistes" et qui préféraient prier en latin. Les gens qui emportaient le pain de la sainte Cène et tel ivrogne qui avait vomi pendant le sermon furent tous traînés devant le Consistoire. Ce volume reste donc une source riche et variée pour l’histoire sociale. Cependant, l’historien de la Réforme calvinienne y verra aussi l’amoncellement des nuages qui vont déchaîner l’orage de 1555, dont Calvin sortira victorieux. Les contestations de l’autorité consistoriale deviennent fréquentes, les remarques contre les réfugiés français communes. Il devient de plus en plus clair que l’avenir de la Réforme genevoise est en jeu. C’est un moment charnière, que cet ouvrage dévoile dans tous ses détails, et pour la première fois en forme accessible.
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Tous les spécialistes du XVIe siècle, des sociologues de la religion aux historiens des mentalités, des chercheurs calviniens aux historiens de la langue française, tous se sont réjouis de la publication du premier volume des Registres du Consistoire de Genève, cette institution de contrôle des mœurs et des idées religieuses. Ce second tome couvre les années 1545-1546, années pendant lesquelles les nombreuses traces de «papisme» sont traquées dans la population (cierges, prières, livres dHeures, etc.), années d’enseignement réformé pour des Genevois qui doivent se faire à la nouvelle religion en fréquentant sermons et leçons de catéchisme. Des affaires de mœurs au sens propre, promesses de mariage rompues, adultères ou femmesbattues, sont également traitées par les membres du Consistoire.
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Depuis les travaux précurseurs de William Monter et de Bob Kingdon voici vingt ans, tous les spécialistes du XVIe siècle, des sociologues de la religion aux historiens des mentalités, des chercheurs calviniens aux historiens de la langue française, tous attendaient une édition des registres du Consistoire de Genève, cette institution de contrôle des mœurs et des idées religieuses. Ces registres dépeignent avec précision les idées et comportements du menu peuple face aux bouleversements de la révolution religieuse que fut la Réforme calvinienne. Ce premier tome couvre les années 1542-1544, années pendant lesquelles les nombreuses traces de “papisme” sont traquées dans la population (cierges, prières, livres d’Heures, etc.), années d’enseignement réformé pour des Genevois qui doivent se faire à la nouvelle religion en fréquentant sermons et leçons de catéchisme. Des affaires de mœurs au sens propre, promesses de mariage rompues, adultères ou femmes battues, sont également traitées par les membres du Consistoire, alors qu’un bâtier qui tient taverne doit absolument y placer une bible en bonne place... Il a du mal à s’exécuter.